Affaire Volkswagen : les réactions

L’affaire Volkswagen est devenue un scandale, ce qui a suscité nombre de réactions chez les professionnels de l’automobile comme dans les milieux politiques.

Les réactions des distributeurs

Côté réseau de distributeurs, le silence reste le mot d’ordre : « c’est encore trop tôt pour dire quelque chose. Et j’ai demandé à l’ensemble de mes équipes de ne pas prendre la parole sur le sujet », explique ce patron de groupe qui se voit rejoint par ses confrères. Si le groupe en France a indiqué dans un communiqué « travailler à clarifier rapidement la situation concernant les irrégularités sur l’utilisation d’un logiciel présent sur les moteurs diesel. Les nouveaux véhicules du groupe Volkswagen actuellement disponibles dans l’Union Européenne et équipés de moteur diesel Euro 6 sont conformes aux exigences légales et aux normes environnementales », aucune mention n’est apportée sur la méthodologie employée pour passer ces normes.

Crainte pour les flottes d’entreprises

Le groupe vient cependant d’annoncer à son réseau qu’une cellule de crise avait été ouverte au siège de la filiale française basée à Roissy (95) dans le cas où des clients se manifestaient. Ce qui ne saurait tarder notamment du côté des clients professionnels. « Si VW a triché aux USA sur les émissions de Nox, pourquoi n’aurait-il pas triché également sur les émissions de CO2 en France », s’avance ce gestionnaire de parc. « Je paie une TVS (taxe sur les véhicules de société) pour un niveau d’émissions de CO2. Mais s’il s’avère que les émissions sont plus fortes, qui va payer la différence que l’Etat ne manquera pas de me demander ? » L’impact sur les parcs de véhicules pourraient être assez important.

Impact sur les valeurs résiduelles

Pour de nombreux professionnels, la question principale reste : est-ce que seuls les véhicules exportés aux USA sont concernés ou cette tricherie est-elle valable pour toutes les marques du groupe ? Pour l’instant l’impact sur les clients est très compliqué à mesurer. Idem sur son image. « La marque VW offre aujourd’hui d’excellentes valeurs résiduelles sur le marché, sur presque tous les segments. Difficile dans ce cas, d’entrevoir l’éventualité d’un renversement de tendance à ce stade de l’affaire. Aux USA, Toyota avait subi les contrecoups d’un problème technique lié à l’accélération brutale de certains véhicules, qui lui avait coûté des milliards de dollars et une campagne de rappel historique portant sur plusieurs millions de véhicules. Or, l’impact sur les valeurs résiduelles avait été très léger et momentané », précise Olivier Brabant, expert de la cote Argus.

VW pourrait s’inscrire dans le même schéma, sauf si le périmètre va au-delà des USA et de la Corée du Sud et s’étend à l’Europe, les conséquences pourraient être bien plus graves. Tout dépendra également de la manière dont le groupe va communiquer sur le sujet.

Les réactions des “officiels”

L’association des constructeurs européens (ACEA) n’a évidemment pas tiré sur l’ambulance Volkswagen, et a préféré regarder l’avenir : ” L’ACEA et ses membres sont d’accord pour considérer que les tests d’homologation Euro 6 doivent être remis à jour, et l’industrie a contribué au développement de nouveaux protocoles de test (…) L’industrie automobile soutient activement le développement du test en conditions réelles (RDE). L’ACEA a appelé la Commission européenne et les Etats membres à apporter rapidement de la clarté aux conditions de test, de manière à ce que l’industrie puisse commencer à travailler sur la RDE et mette à la route des véhicules conformes à la RDE le plus tôt possible.”

La Commission européenne, en la personne du commissaire à l’industrie, s’est fendue d’un commentaire à destination de L’argus : “Des investigations sont en cours avec Volkswagen, aux Etats-Unis comme en Allemagne (…) Mais que l’on soit clair : il faut que nous fassions toute la lumière sur le sujet. Dans l’intérêt des consommateurs comme dans celui de l’environnement, nous avons besoin d’une industrie qui respecte scrupuleusement les valeurs limites d’émissions. (…) Les autorités nationales sont responsables de la réception des véhicules, et se doivent d’être particulièrement vigilantes et rigoureuses dans la vérification des obligations qui incombent à leurs constructeurs nationaux. Nous envisageons une réunion pour discuter de cela en détail avec eux.”

Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement et ex-PDG de Renault sur Europe 1 : “Je ne sais pas quel mot utiliser pour dire mon effarement devant l’échelle de cette fraude (…) Est-ce que cela va remettre en cause l’entreprise Volkswagen, je ne pense pas. Est-ce que cela remet en cause les dirigeants ? Ce sera au conseil de Volkswagen de le décider, cela me parait logique”.

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie : ” J’ai demandé par ailleurs à l’UTAC (Union Technique de l’Automobile, du Motocycle et du Cycle), service technique désigné par l’État français auprès de la Commission européenne pour réaliser les essais d’homologation, d’une part de se rapprocher de l’Agence fédérale américaine de protection de l’environnement pour approfondir les mécanismes de fraude, et d’autre part de me faire des propositions d’actions. J’ai également demandé aux constructeurs nationaux de s’assurer que de tels agissements n’ont pas eu cours en France”.

Les scandales automobiles déjà dévoilés aux USA

L’automobile n’en est pas à son premier coup d’éclat aux USA et l’histoire de cette industrie est jalonnée de rappels.

  • General Motors, il y a seulement quelques jours, écope d’une amende de 900 millions de dollars pour avoir dissimulé un défaut dans le commutateur d’allumage.
  • Toyota, en 2010, est épinglé également aux USA pour des problèmes d’accélération inopinée. Après avoir minimisé le défaut, le constructeur est obligé d’accepter un accord amiable.
  • L’équipementier Takata a dû gérer deux campagnes de rappels portant sur 7,8 millions de véhicules pour des airbags défectueux.

source : http://pro.largus.fr

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